Cet air infini
Cet air infini / Mise en scène : Jean-Noël Dahan / Eclats Rémanence
Cet air infini / Mise en scène : Jean-Noël Dahan / Eclats Rémanence
Cet air infini / Mise en scène : Jean-Noël Dahan / Eclats Rémanence
Cet air infini / Mise en scène : Jean-Noël Dahan / Eclats Rémanence
Texte : Lluïsa Cunillé
Traduction : Laurent Gallardo
Mise en scène : Jean-Noël Dahan
Jeu : Marie Micla, Jean-Noël Dahan
Création lumières : Marc Delamézières
Création sonore : Jean-Marc Istria
Relations presse : Catherine Guizard
Cette pièce, écrite en 2010 et traduite en 2023, a remporté le Prix national de littérature dramatique (Espagne) en 2010.
Production : Eclats Rémanence, Cie Les Rugissants.
En coréalisation avec le Théâtre de l'Epée de Bois.
Avec le soutien du Théâtre des Quartiers d'Ivry - CDN du Val-de-Marne, et de l'Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical.
Texte traduit avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale.
Que raconte la pièce Cet air infini ?
Ulysse est un ingénieur immigré. Il ne sait s’il doit rester vivre dans la ville occidentale qu’il est en train de bâtir ou reprendre son périple pour retourner chez lui auprès de sa famille. Aux confins de cette cité en perpétuelle mutation, il rencontre une femme dont l’identité s’avère tout aussi changeante. C’est Électre qui revient des funérailles de sa mère. C’est Phèdre qui est tombée amoureuse de lui. C’est Médée qui sort de prison après y avoir passé dix-sept ans pour le meurtre de ses enfants. C’est Antigone, la sœur d’un terroriste traqué par la police.
Dans Cet air infini, Ulysse a perdu son aura épique pour devenir un immigré ordinaire que l’on ne regarde plus, que l’on ne voit plus. Son odyssée est celle de la survie dans un monde devenu invivable, qui se détruit et se reconstruit à notre insu. La femme qu’il rencontre a, quant à elle, fait le choix de s’opposer farouchement à ce monde. Le sabotage passionnel auquel elle s’est livrée la laisse au bord d’un gouffre qui donne à voir toute la misère d’un temps, le nôtre, où règnent l’apathie et la servitude volontaire.
La tragédie devient alors l’étalon permettant de prendre la mesure de ce désastre intérieur dont parle Annie Le Brun, « qui a pour résultat de nous tromper sur ce que nous sommes et plus encore sur ce que nous pourrions être ».
(Source : présentation du texte par son traducteur, Laurent Gallardo)
Qu’est-ce qui nous attire dans ce texte ; comment voulons-nous en faire un spectacle ?
Enfin une écriture qui ne se laisse pas réduire à elle-même ! Les mots de Lluïsa Cunillé ouvrent toujours sur un ailleurs - une absence, une question, une fiction… ou tranchent par un retour au réel - pas plus saisissable d’ailleurs tant il est plat.
« ELLE - Tu ne m’as toujours pas dit ce que tu as fait aujourd’hui.
LUI - J’ai travaillé. Comme tous les jours. »
Tout semble clair dans ce qui est dit, l’écriture a l’air le plus souvent ordinaire. Et pourtant le passage d’une phrase à l’autre, d’une réplique à une autre ouvrent un champ inattendu, un déplacement, un vertige.
Comment dire ces mots-là ? Sans doute en les laissant exister. Recourir à une certaine neutralité, certes, afin de laisser résonner ce qu’ils portent jusqu’au spectateur. J’imagine le travail à faire sur ce texte comme une longue écoute, un minutieux calibrage afin de transmettre le mystère de ce qui est raconté.
Car (comme toujours au théâtre) cette pièce pose une question au spectateur, de par la (non-)rencontre de ses deux personnages. LUI porte « la vie », les efforts (jamais suffisants) pour s’adapter à un monde en (dé-)construction. ELLE porte « la mort », l’acceptation qu’elle ne peut pas se soumettre à un univers qu’elle ne reconnait pas. Nous sommes pris dans une souricière qui questionne notre incessante (non-)acceptation du monde social.
Et plus encore, que ces deux êtres soient, de gré ou de force, exilés de « l’acceptable social » résonne, pour nous lecteurs/spectateurs, avec la sensation récurrente, dans cette écriture, que nous sommes exilés du réel.
« (…) en refusant de nous dire comment est la réalité, (Cunillé) vise à nous faire douter de cette dernière. « On ne devrait jamais dire une chaise mais une peut-être chaise » disait souvent Régy, reprenant cette phrase de Wittgenstein : le théâtre de Cunillé, consiste à mettre en scène ce « peut-être », et invite ainsi le spectateur à penser que la réalité se loge dans ce peut-être. » (Laurent Gallardo)
C’est pourquoi également il nous semble préférable (pour l’instant) de ne pas indiquer au spectateur ce que le lecteur découvre dès la présentation des personnages : le lien de chacun avec des figures mythologiques. Que LUI soit un palimpseste d’Ulysse, et ELLE d’Electre, Phèdre, Médée et Antigone, peut-être vaut-il mieux laisser le spectateur faire (ou non) le lien. Jouer sur un déjà-vu ?
Migration, exil, impossible retour… Ces termes s’appliquent aux personnages, à leur identité, leur histoire, à la ville, au réel… C’est ce qui nous touche profondément dans cette écriture.
Concernant la scénographie, il s’agit d’un théâtre qui revendique sa « pauvreté » - une table, une chaise… - et sa précision - des didascalies concernant les lumières ponctuent le dialogue afin d’indiquer (ce) qui apparait ou disparait dans l’obscurité.
La DURÉE des « pauses » (qui rythment la pièce) est essentielle. Ces pauses permettent de passer à un autre moment, une autre identité, peut-être une autre hypothèse de vie. Elles (dé-)lient les séquences.
Peut-être y aura-t-il un élément de décor inutile, intriguant, créant un rapport magnétique entre les corps…
Calendrier
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Lecture à la SACD le 26 février 2024
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Résidence au Théâtre des Quartiers d'Ivry - CDN du Val-de-Marne, en septembre 2024
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Résidences à l'Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical, en octobre, novembre 2024 et janvier 2025
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Création au Théâtre de l'Épée de Bois (Cartoucherie de Vincennes) du 13 au 30 mars 2025